jeudi 14 janvier 2010

L'avaleuse de mots


Le corps de poésie (1/2)
Techniques mixtes sur toile
36 x 12, 2010


La poésie tue.

Chaque jour elle avale les mots bout à bout

elle porte sur son front en chapelet volé
une pincée de tristesse bordée de mi-tendresse

toutes plaintes retenues en longeant le silence
elle nous met en rêve et divise les eaux

elle plante dans nos coeurs un couteau de caresses

elle se nourrit de nous

nous ventouse
nous encercle.

La poésie tue.

Comme un oiseau ivre par dessus mon épaule
quelqu'un lit l'avenir dans un linceul volant

*

Tu portes sur tes épaules

des chevaux naufragés
des cathédrales trouées

des aubes d'encre blanche
un miroir de papier

des rivières en débâcle
un lit de grande marée

une tête de femme

et un chevreuil blessé


*

J'aurais tant voulu vous aider
Vous qui semblez autres moi-même
Mais les mots qu'au vent noir je sème
Qui sait si vous les entendez

Tout se perd et rien ne vous touche
Ni mes paroles ni mes mains
Et vous passez votre chemin
Sans savoir ce que dit ma bouche

Aragon, Les poètes


1 commentaires:

Blogger cahiervolant d'Anna Jouy a dit...

elle avale bouche offerte bouche ouverte ce flot de craies sur un cahier de noir
le puits est profond comme un silence d'eau
et dedans nagent insolites et surpris les rencontres et le frôlement
les mots sur des truites arc-en ciel avec une lune pour oeil rond
font arêtes et goût citron

14 janvier 2010 à 13 h 15  

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